300 textes anti-LGBTQ votés dans les États « rouges » des USA depuis la défaite de Trump, dont la moitié sont anti-trans*.
Près de la moitié des 300 textes anti-LGBT concernent les personnes trans* qui sont pourtant largement minoritaires dans l’acronyme LGBT. Cela est dû au fait que la protection des personnes transgenres à énormément de retard par rapport à celle des personnes LGB.
Je ne vais pas revenir ici sur les raisons de ce retard, mais je veux souligner, d’une part, le danger réel qui découle de la politisation de la souffrance des personnes trans*, notamment des jeunes, alors que seule l’approche médico-sociale fondée sur plus de 40 de recherche scientifique doit conduire à l’accompagnement et à la prise en charge de cette souffrance.
Derrière cette politisation, déjà avancée aux USA et en train de se mettre en place en Europe et en Suisse, se cachent les mouvements évangélistes américains, le radicalisme catholique en France et en Europe, et les partis d’extrême droite partout dans le monde. Il suffit d’écouter certains discours de Zemour pour s’en convaincre. En Suisse, l’UDC qui voulait interdire le remboursement des soins aux personnes transgenres en 2007 et certains PLR sont dans la même lignée.
D’autre part, je relève que la violence qui découle de ces positions n’a d’équivalent que la fragilité de la minorité trans* qui vient à peine de sortir de l’invisibilité dans laquelle elle est restée confinée depuis les années 30 du siècle passé. Ainsi le gouverneur républicain de l’Utah, Spencer Cox, qui a mis son veto à certaines de ces lois, affirme : « J’ai rarement vu autant de peur et d’agressivité dirigée contre un si petit nombre » (cité dans Le Monde du 19 avril).
Cette violence qui vise notamment à réintroduire les thérapies de conversion sous le couvert d’accompagnement psychiatrique, comme ce fût, et est encore parfois, le cas pour les personnes homosexuelles, est d’autant plus marquée qu’elle s’applique aux soins dont les personnes trans* ont besoin. Ainsi l’Alabama a introduit une loi punissant de 10 de prison toute personne aidant un·e jeune de moins de 19 ans à suivre un traitement hormonal, même si ce dernier est prescrit dans un autre état. Cette loi vise donc non seulement les endocrinologues locaux, mais surtout les parents qui protégeraient leurs enfants en les faisant suivre dans un autre État.
La peur n’est jamais une bonne conseillère. Nous devons faire confiance à la recherche scientifique pour expliquer la croissance du nombre de personnes en questionnement de genre, jeunes et moins jeunes, mais pas stigmatiser leur souffrance et les empêcher d’accéder à la meilleure médecine actuellement connue. Et nous devons absolument lutter contre l’apparition d’une telle violence dans notre pays, dans nos cantons et dans nos villes.
Lynn Bertholet – Présidente