3 articles qui peuvent rendre un peu optimiste

Le 25 janvier 2023, le bulletin des médecins suisses et Swiss Medical Forum, les organes officiels de la FMH, ont publié 3 articles relatifs à la transidentité qui laissent espérer des avancées positives pour la prise en charge des personnes transgenres par les milieux médicaux. Ces textes ne vont pas en eux-mêmes changer drastiquement la piètre qualité des soins aux personnes transgenres en Suisse, mais au moins montrent-ils une certaine prise conscience du peu de connaissances du corps médical, de la quasi absence de formation des médecins suisses, ainsi que des mauvais traitements infligés pendant des années1) au travers du “gatekeeping” aux patients·x·es présentant une incongruence de genre.

“Contrairement aux inquiétudes souvent formulées à ce sujet, il est très rare qu’une personne capable de discernement se trompe sur son identité de genre.”

lic. phil. HANNES Rudolpha et al., De la psychopathologisation à l’approche affirmative de la diversité des genres, Swiss Medical Forum, janvier 2023, vol. 40, p. 856-860

“Contrairement aux inquiétudes souvent formulées à ce sujet, il est très rare qu’une personne capable de discernement se trompe sur son identité de genre.” indique le premier des deux articles publiés dans Swiss Medical Forum. Voilà une vérité scientifique qui devrait calmer les idéologues et leurs disciples de la thèse selon laquelle la transidentité serait une épidémie et une mode se répandant via les réseaux sociaux. Personne ne songe à contester que les questions d’identité de genre sont plus débattues aujourd’hui qu’hier, notamment dans les médias. Mais ne pas voir une souffrance ne veut pas dire qu’elle n’existe pas, tout comme ne pas savoir mettre des mots dessus a longtemps empêché les personnes concernées de simplement pouvoir en parler.

© Caroline Murphy, Bulletin des médecins suisses, Numéro 4, 25 janvier 2023, p. 11

Il est grand temps que les médecins suisses se forment à l’étranger

Le second article publié dans Swiss Medical Forum, abordant le sujet des possibilités de traitement de réassignation2), est très décevant et démontre malheureusement le peu de compétences des médecins pratiquant en Suisse ce type de médecine hautement spécialisée. Les explications données sur la vaginoplastie ignorent les dernières techniques, par exemple l’interposition du péritoine, et mentionnent encore l’interposition du sigmoïde colon pourtant abandonnée aujourd’hui presque partout. Les chirurgies de la voix ne font pas référence à la méthode pratiquée par le Prof. Peter Tomassen à l’hôpital universitaire de Gand pourtant nettement moins invasive. Quant aux phalloplasties, les propos tenus prouvent qu’il vaut mieux s’abstenir d’envisager une telle opération en Suisse.

Il est vrai qu’avec 2 heures consacrées à l’incongruence de genre à Bâle et à Genève sur un cursus de 6 ans d’études, et une seule heure à Zurich pour le même parcours, il ne faut pas s’attendre à avoir chez nous une qualité de soins correspondant aux coûts facturés.

1) RUSSO Santina, Un cheminement vers soi long et complexe, Bulletin des Médecins Suisses, janvier 2023, numéro 4, p. 10-13
2) Dr méd. GARCIA NUÑEZ David, Possibilités de traitement de réassignation sexuelle en cas d’incongruence de genre, Swiss Medical Forum, janvier 2023, vol. 40, p. 862-865
3) lic. phil. HANNES Rudolpha et al., De la psychopathologisation à l’approche affirmative de la diversité des genres, Swiss Medical Forum, janvier 2023, vol. 40, p. 856-860
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Lynn Bertholet – Présidente