En ce jour si particulier du 20 novembre, où les souvenirs des uns·x·es rappellent aussi l’existence des autres, nous pensons à nos ainés·x·es trans*, celles et ceux, qui par leurs vies ont rendu tant de possibles. Celles et ceux qui ont contribué à ce droit malheureusement pas complètement acquis, celui de pouvoir être soit, sans craindre la haine des uns·x·es et le mépris des autres. Nous pensons aussi à toutes ces personnes trans* ayant subi toute forme d’agression en raison de leurs identités de genre. Jamais une personne ne devrait craindre pour sa vie sur le simple motif d’exister, de ressentir, ou d’exprimer son identité.
CARRIÈRE
Charlotte Jacqueline Dufresnoy, plus connue sous son nom de scène de Coccinelle, est l’une de ces personnes trans* qui par leurs existences ont créées tant de possibles.
Coccinelle est née en 1931 dans une famille aimante qui a toujours accepté qui elle était. Quand la guerre commence, ses parents l’envoye à la campagne. Après le conflit, elle revient vivre à Paris, et débute un apprentissage dans la coiffure dans lequel elle ne s’épanouit pas.
Coccinelle commence sa transition de genre, puis en 1953 débute sa carrière chez madame Arthur. Pour citer une de ses amies, « à l’époque pour gagner sa vie en tant que femme trans* c’était les bois ou les planches ». Après plusieurs années, elle part de chez Madame Arthur pour devenir meneuse de revue au Carrousel. Finalement en 1963. elle se produit à l’Olympia dans son mythique spectacle « Chercher la femme » avec lequel elle fera une tournée internationale pendant quelques années.
Coccinelle devient ainsi l’une des premières femmes trans* publiquement connues en France. Sa renommée est internationale, à cette époque et elle rencontre d’immenses personnalités publiques telles que les mythiques Édith Piaf et Marlene Dietrich.
À la fin de sa tournée, elle part vivre à Berlin et devient la vedette en tant que meneuse de revue dans le célèbre cabaret « Chez nous ». À son retour en France, elle prend une semi-retraite avant de s’installer dans le Sud de la France à Toulon.
VIE PERSONNELLE
À la suite de sa vaginoplastie effectuée à Casablanca en 1958, elle entame des procédures pour être reconnue en tant que femme par l’État civil français. Même si elle n’est pas la première personne trans* à changer officiellement de genre en France, elle est la première personne trans* connue du grand public à le faire.
Son mariage religieux avec un journaliste sportif en 1962 fait grand bruit. D’année en année, Coccinelle n’arrête pas de faire parler d’elle, sans forcément le vouloir ou le chercher ; mais sa vie extraordinaire, en comparaison à la norme de l’époque, heurte la bien-pensance et la religion catholique. Loin d’en faire une difficulté, elle se sert de sa force de vivre pour attirer la lumière sur les personnes trans*.
Coccinelle décède des suites d’un arrêt vasculaire cérébral en 2006 dans l’intimité qu’elle avait désirée.
HOMMAGE
En mai 2017, à Paris, dans le XVIIIe arrondissement, la promenade Coccinelle est inaugurée, là où, des années plus tôt, elle a vécu. Bambi son amie depuis chez Madame Arthur dira « elle a lutté, elle a vaincu, voilà en quoi elle est notre référence absolue ». Cet hommage par la ville de Paris pour une personne trans* est une première. Il n’y a que Coccinelle et ses ailes pour l’emmener autant vers la reconnaissance de qui elle est, de son identité et de son existence. Parce que c’est grâce à son existence que Coccinelle a ouvert la voie pour les personnes trans* qui ont suivi.
CONCLUSION
En cette journée du souvenir trans*, le comité d’ÉPICÈNE a une pensée émue pour toutes les personnes trans* disparues et oubliées, dont les noms ne sont pas connus. Mais aussi, une pensée à l’allure de remerciement pour Coccinelle, qui comme l’a dit Galia, « a tout inventé ». N’oublions jamais que les parcours trans*, qu’ils soient mis en lumière ou non, sont tous légitimes, et quand ces parcours sont regardés avec amour, sont tous magnifiques.
SOURCES
https://www.youtube.com/watch?v=GjqK_zFmOGM
https://www.youtube.com/watch?v=a5b2r7uiQuo
Nous remercions Louis pour les photos des archives personnelles de Coccinelle.
